Quand mon lave-vaisselle est tombé en panne, évidemment ce n’était pas au bon moment et j’ai procrastiné pour le faire réparer. Ce qui arrive habituellement quand on procrastine arriva et je me suis simplement habituée à cette situation. J’ai même retrouvé les bonnes vieilles habitudes de l’époque où je vivais sans lave-vaisselle. Ma stratégie numéro un était d’éviter que l’évier de cuisine ne déborde car il n’y a rien de plus démoralisant que de voir la vaisselle sale qui traîne. Notre estime personnelle peut en prendre un gros coup. On peut aussi en vouloir aux personnes autour de nous qui non seulement n’aident pas, mais en plus participent activement à ce chaos. Bref, vous savez comment ça peut monter vite dans ce genre de situation…

Mais en prenant l’habitude de faire ma vaisselle plus régulièrement, je gardais le contrôle sur la situation et cela venait au contraire renforcer ma confiance d’être une Wonder Woman, même sans lave-vaisselle ;-).

Quand j’ai enfin décidé d’effectuer la réparation au grand bonheur de mes ados, j’ai réalisé que je préférai continuer à faire ma vaisselle à la main parce que cette situation m’avait ouvert les yeux sur la nécessité de ne pas laisser, de façon générale, des choses sales et négatives s’accumuler dans ma vie dont, en tête de liste, mes émotions.

Actionner notre radar à émotions

Laver régulièrement les quatre ou cinq assiettes qui traînaient dans l’évier était un rappel constant pour moi de penser également à nettoyer mon cœur et mon esprit chaque jour de toutes les émotions négatives qui s’y accumulent sans forcément que je m’en rende compte.  Pour cela, je devais actionner régulièrement mon radar à émotions et faire le tour des lieux.

Comment activer notre radar à émotions ? Simplement en se posant la question : « Comment je me sens en ce moment ? » et en prenant le temps d’y répondre dans un face-à-face intentionnel avec nous-mêmes.

Certaines émotions vont apparaître très fortement sur notre radar, et d’autres vont émettre un signal plus faible, soit parce qu’elles sont encore naissantes, soit parce qu’elles sont enfouies en profondeur.
Aucune de ces émotions n’est à négliger.

Comment rendre l’exercice efficace ?

Premièrement, comme souvent : prendre le temps de le faire. Nous n’avons pas été habituées à prendre conscience de nos émotions et encore moins à nous en occuper vraiment. Nous les négligeons et les considérons même comme un sujet tabou. Pourtant elles constituent le moteur de nos actions et de nos réactions. Elles sont aussi un tableau de bord pour nous aider à mieux nous comprendre.

Nos émotions en ont long à nous dire sur nous-mêmes si nous prenons le temps de les écouter.

Nous sommes des êtres émotionnels avant d’être des êtres rationnels (même si nous aimons croire le contraire) et si nous voulons avoir un meilleur contrôle sur ce que nous faisons ou ne faisons pas, nous devons comprendre et gérer adéquatement nos émotions. Prendre un quinze minutes chaque jour pour actionner notre radar émotionnel peut nous permettre d’éviter bien des comportements impulsifs ou réactionnels.

Deuxièmement, nous devons apprendre à nommer correctement ce que nous ressentons. Selon la Canadian Mental Health Association, le simple fait de mettre des mots sur les émotions diminuerait l’activité cérébrale dans l’amygdale responsable des réactions à la peur et au stress, et augmenterait l’activité dans les régions du contrôle préfrontal associées à la régulation et à la rationalisation.

Le problème vient souvent du fait que nous manquons de mots pour décrire adéquatement ce que nous ressentons.

Les émotions de base que nous savons identifier demeurent souvent peu représentatives de la complexité de notre ressenti réel. Par exemple, quand on se sent triste, on se sent peut-être en réalité coupable, désespérée, seule, abandonnée, abattue, accablée, déçue, désespérée, désorientée, nostalgique, etc. Quand on se sent heureuse, on se sent peut-être fière, forte, acceptée, intéressée, optimiste, etc.  Quand on est en colère, on se sent peut-être en réalité menacée, blessée, frustrée, apeurée, etc. 

Troisièmement, nous devons pousser notre réflexion pour tenter de comprendre notre ressenti, et si vous avez réussi à bien nommer les choses à l’étape précédente, il sera plus facile de comprendre les choses et d’en tirer des conclusions. Vous pourriez avoir besoin d’en parler avec une personne de confiance pour mieux identifier les options qui s’offrent à vous.

Actions à entreprendre  :

1- Choisissez une plage de dix minutes dans votre horaire quotidien pour vous poser la question suivante : « Comment je me sens aujourd’hui ? ». Faites-le vraiment. Chaque jour.

2- Imprimez une roue des émotions (que vous trouverez facilement sur Internet) et utilisez-la systématiquement pour nommer adéquatement comment vous vous sentez.

3- Analysez votre émotion pour la comprendre et prenez action selon ce qui ressortira de cette réflexion à tête reposée.

Tout comme on vide ses poubelles régulièrement, actionner votre radar à émotions chaque jour pour nettoyer votre cœur et votre esprit vous permettra de vous sentir plus légère et de prendre de meilleures décisions. Nos émotions ne sont pas un fardeau mais un vrai cadeau pour nous aider à progresser dans la vie.