Le piège de l’autosuffisance

J’ai toujours voulu être une femme forte, autonome et indépendante. Le fait de débuter ma vie d’adulte à m’installant à Paris seule à 17 ans a certainement propulsé mon sens de l’autonomie. Mais même petite fille, je haïssais déjà l’idée de ne pas de ne pas pouvoir faire exactement tout ce que mes frères faisaient simplement parce que j’étais une fille et pas un garçon. J’ai donc développé au fond de moi un mantra personnel composé de « Je peux le faire toute seule », « Je suis capable » et « Je n’ai besoin de personne ».  

Où est le mal dans tout cela me direz-vous ?  Le problème avec ce genre d’attitude c’est que les gens risquent effectivement de nous prendre au mot ! Et comme on ne sollicite jamais d’aide et qu’on décline même l’aide qui nous est offerte, nous habituons les gens autour de nous à ne pas se soucier de nous. Avec le temps, ils ont de moins en moins tendance à nous proposer leur aide car on s’évertue à leur montrer que nous n’avons pas besoin ! 

C’est après avoir suivi la formation Vers la maturité relationnelle du Sentier du Cœur que j’ai compris que réagir en autosuffisante n’était ni plus ni moins qu’une forme de protection que je revêtais à la suite de certaines blessures.

Mais au fond, les autosuffisants cachent au fond d’eux une solitude, et les mailles qui relient la solitude au ressentiment sont vite tricotées…

Même si faire preuve d’autosuffisance peut sembler positif en termes d’indépendance et de résilience, l’autosuffisance cache en réalité de gros dangers : 

  • L’isolement social : on refuse de collaborer avec les autres et on refuse la collaboration des autres ainsi que le support qu’ils veulent nous offrir. On finit par s’isoler sans s’en rendre compte.   
  • L’épuisement : à vouloir toujours tout faire toute seule, on s’épuise physiquement et mentalement. Et pourtant, en demandant ou en acceptant de l’aide, nous pouvons être plus efficace dans l’utilisation de nos ressources et accomplir encore plus de choses. 
  • La diminution de notre capacité d’adaptation : si on fait toujours tout toute seule et toujours à notre manière (aussi parfaite soit-elle), on devient de moins en moins ouverte au changement et aux nouvelles idées. Et qu’est-ce qu’un être humain sans sa capacité d’adaptation ?   
  • Le manque de perspectives : si on ne recherche pas de conseils extérieurs ou d’opinions différentes des nôtres, on ne voit plus les choses que sous notre propre angle et (aussi extraordinaire que notre analyse personnelle puisse nous paraître) on risque de stagner et de se rendre compte bien plus tard, que les choses autour de nous ont évolué bien plus que nous pensions que c’était possible. 

Comme dans toutes choses, la clé réside donc dans l’équilibre, et trouver un équilibre sain entre l’autosuffisance et la recherche de soutien et de collaboration repose sur deux choses : 

  1. Savoir admettre nos propres limites et accepter qu’il est normal de ne pas pouvoir tout faire toute seule. 
  1. Savoir évaluer chaque situation et se demander, selon le cas si une attitude d’autosuffisance nous serait bénéfique ou nuisible. L’idée n’est pas tant de se demander « Puis- gérer cette situation toute seule ? » car la réponse sera probablement « Oui, bien sûr ! » quand on pratique l’autosuffisance. Il s’agit plutôt de se demander « Est-ce une bonne idée de gérer cette situation toute seule ? » et ainsi de faire appel à notre bon sens au lieu d’enclencher automatiquement notre mécanisme de protection favori.   

Mais quand on a l’habitude de pratiquer l’autosuffisance, demander de l’aide signifie être vulnérable (un mot que détestent les autosuffisants !).

Pourtant, se montrer vulnérable ne doit plus être perçu comme un signe de faiblesse, mais plutôt comme une force : la force de se présenter de façon authentique, le courage de se montrer telle qu’on est vraiment, sans masque, sans prétentions.

Car au fond, qui voudrait être proche de quelqu’un qui sait tout et qui n’a jamais besoin d’aide ? C’est dans la vulnérabilité que les relations se nouent et que les connexions les plus profondes se créent. Cette vulnérabilité nous permet de grandir car nos erreurs et nos limites peuvent en réalité ouvrir la porte à notre apprentissage et donc à notre croissance personnelle.  

Alors oui, on peut être à la fois autosuffisante et vulnérable ! Et quand on se montre vulnérable, on s’autorise à recevoir l’amour et la compassion que les autres ont en réserve pour nous et on en a tous besoin au fond de nous. 

Note : 1 sur 5.

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